CES QUESTIONS QU’ON NE POSE PLUS

Publié le par Zegou Seli

 

 

 

                                       CES QUESTIONS QU’ON NE POSE PLUS

 

Ces lignes  prolongent un débat entamé il y  a quelques jours sur la question qui a donné son nom à un groupe de réflexion sur la décolonisation personnelle : QUELLE EST LA COULEUR DU SPARADRAP ? La question-nom de notre micro-thinktank est un parfait exemple de question qu’on ne pose plus. Quel temps a le médecin ou l’infirmier ou encore le blessé pour s’interroger sur la couleur du bandage qu’il faut poser dans l’urgence ?

L’urgence aidant puis l’accommodation et la commodité se faisant complices, de nombreuses questions ont acquis une sorte d’immunité interrogatoire, un droit à ne plus être « questionnées »- ce sont les questions qu’on ne pose plus ou qu’on ne se pose plus. Et leur nombre s’ajoute à l’excédent de bagages qui encombre notre vie intellectuelle ou sociale mais que nous espérons embarquer gratuitement. Air Afrique n’existe plus, chers amis…

Dans le processus de constitution de ce groupe de facebookers qui planche sur la question-il suffit de devenir l’ami de Zegou Seli pour être membre- il y a une question récurrente que posent les internautes : quelle est l’utilité d’un tel débat dans la situation actuelle que vit la Côte d’Ivoire ? Pour botter en touche, l’on a envie de dire qu’un tel débat n’est pas utile et l’on vous colle la paix. Surtout parce que, pour revenir à l’exemple des accidentés, on utilise le sparadrap et puis …point-barre !

Dans ce sens, notre réflexion n’est pas faite  pour la salle d’urgence. Elle concerne le blessé convalescent ou la personne  complètement guérie qui, revoyant ses cicatrices, repense au sparadrap et se pose une de ces questions que l’on se pose pas : mais pourquoi le sparadrap a-t-il cette couleur particulière? Se poser une question qu’on ne pose pas aux autres ou à soi- même est le début de cette guérison que nous appelons décolonisation personnelle.

Cettedécolonisation personnelle est différente de la grande décolonisation des sommets et des sommités, celles de grandes déclarations et des catéchismes politiques, celles dont les moyens d’exécution sont colossaux et réclament des moyens institutionnels et étatiques. La décolonisation personnelle est celle du «  tout près n’est pas loin ».Elle repose sur l’axiome de Frantz Fanon : « Tu ne peux pas empêcher que l'oiseau vole au dessus de ta tête mais tu peux empêcher qu'il fasse un nid dans tes cheveux ». Il ne s’agit pas de s’en prendre aux hommes politiques, aux pères fondateurs de nos nations et à tous les bouc-émissaires classiques de ces séances  de distributions de cartons rouges. Il faut se regarder et agir sur soi-même en s’en prenant aux nids d’oiseaux qui ont fini par avoir le statut de cheveux ou en décollant certains sparadraps depuis longtemps et sans raison scotchés à nos peaux noires comme un triste rappel du fait que ce n’est pas d’abord à nous que les fabricants ont pensé en « faisant leur  chose ».Vous avez déjà arraché un sparadrap ?

Avant de faire un tour sur Facebook à l’écoute des débats des « blessés » qui entament leur décolonisation personnelle, un grand merci à Aiko pour son travail pédagogique auprès des « questionneurs ». Quand d’autres personnes trouvent expliquent mieux que vous l’enjeu de notre vaste séance de soins, ça rend heureux. Question de A. Gnagne  « que veut dire ce comité couleur du sparadrap ? » et réponse de Aiko-Lala « Demandez moi, je vais vous répondre. Il s’agit de notre décolonisation perso, notre choix perso de décoloniser quelque chose sur nous, en nous. »Merci là-bas, merci Lala !

Notre vaste « infirmerie »de FACEBOOK a accueilli un cas de multi-traumatisme chez un grand blessé ou grand brulé. En tout cas, quelqu’un qui est  couvert de sparadrap. Laissons K. Robert parler lui-même : « je ne vais quand même pas changer de nom et d’origine, je vais et je veux vivre avec , ou alors suis entrain de resserrer la laisse autour de mon cou ». Réponse «   Les noms que nos anciens (?) maîtres nous ont donnés sont une des laisses invisibles par lesquelles ils nous tiennent encore...Il faut couper cette laisse ».

Une  semaine commence. Par définition, un groupe de réflexion anticipe. Mais comme nous nous inscrivons dans la perspective de la  « recherche-action » que le champ d’action est capillaire et dermique, nous devrions pour aboutir à quelque chose de concret. Grâce à nos membres, nous avons inventorié pour vous quelques questions que l’on ne se pose pas. Merci à nos débatteurs habituels Fresca, LP Kadji, Rama- qui s’en prend aux nids d’oiseaux que sont nos destinations de vacances-et  Babi Affairage en passe de devenir vice-recteur de notre université virtuelle.

 Voici quelques questions retrouvées dans le congélateur des questions  que l’on ne pose pas. La liste n’est pas exhaustive et si vous en avez d’, rejoignez-nous sur Facebook pour en parler. Pourquoi parlons-nous seulement le français et non nos langues ? Pourquoi portons nous des noms français ou francisés ? Pourquoi nos plats sont ils français en exclusivité ou en partie ? Pourquoi nos vacances se déroulent –elles presque toujours en France ? Pourquoi mettons nous la France au centre de notre vie culturelle, intellectuelle et sociale ? Quelle est la couleur du sparadrap ? More questions ?

 

 

 Zegou Seli

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